AU – DELA
Je demeurai au pied du mur
il faisait un dégel bleuâtre
par la brume il passait des lucioles brûlantes
de temps en temps, des petits mots durs
Et je demeurai au pied du mur
les vertèbres pétrifiées
il me semblait que l’éternité
descendait réellement sur les dalles humides
corsetées des mousses végétales
Au début il m’était poussé le cœur / la tête,
les vertèbres, les mots lourds
à la suite de ceux de brumes
et les mots se mettaient
à ciseler la mince lumière
la ciment de la pensée
le mur au-dessus duquel
le ciel promenait l’ombre des nuages
Il m’était poussé les dents de lait
et puis celles de pierre
les bras en os et puis de mes frêles poings
se faisaient voir ceux en fer
et j’ai frappé à la porte de fer
avec mes poings encore ensanglantés
des poings qui étaient justement en fer
finalement la porte de fer était devenue
incroyablement vivante
et s’est ouverte
comme un ventricule de chair.
COUVERTURE D’ETOILES
Le cœur est un bateau
S’engageant dans la forêt de pins
à des milliers d’années de chez moi
Le cœur est un ambre chaud
un ambre jaune clair
est mon cœur
dans un étang infini de lumière.
POESIE
Par le sang la poésie peut se coaguler
aiguilles de glace fouettent son rêve
L’oiseau noir au cœur de météorite
l’oiseau lourd
coupé en deux
prononce : terre.
Du nord de l’âme jaillissent de perfides tranchants
La lumière recroquevillée telle
une ouie froissée se tasse dans
la douleur des insomnies, pardonne !
pardonne-moi la création de cet œuf imparfait
travaillé au tour dans la scorie du soleil et du sang.
Traduites par Manolita DRAGOMIR-FILIMONESCU