Monica ROHAN

AU – DELA

Je demeurai au pied du mur

il faisait un dégel bleuâtre

par la brume il passait des lucioles brûlantes

de temps en temps,  des petits mots durs

Et je demeurai au pied du mur

les vertèbres pétrifiées

il me semblait que l’éternité

descendait réellement sur les dalles humides

corsetées des mousses végétales

Au début il m’était poussé le cœur / la tête,

les vertèbres, les mots lourds

à la suite de ceux de brumes

et les mots se mettaient

à ciseler la mince lumière

la ciment de la pensée

le mur au-dessus duquel

le ciel promenait l’ombre des nuages

Il m’était poussé les dents de lait

et puis celles de pierre

les bras en os et puis de mes frêles poings

se faisaient voir ceux en fer

et j’ai frappé à la porte de fer

avec mes poings encore ensanglantés

des poings qui étaient justement en fer

finalement la porte de fer était devenue

incroyablement vivante

et s’est ouverte

comme un ventricule de chair.

 

COUVERTURE  D’ETOILES

Le cœur est un bateau

S’engageant dans la forêt de pins

à des milliers d’années de chez moi

 

Le cœur est un  ambre chaud

un ambre jaune clair

est mon cœur

dans un étang infini de lumière.

 

POESIE

Par le sang la poésie peut se coaguler

aiguilles de glace fouettent son rêve

L’oiseau noir au cœur de météorite

l’oiseau lourd

coupé en deux

prononce : terre.

Du nord de l’âme jaillissent de perfides tranchants

La lumière recroquevillée telle

une ouie froissée se tasse dans

la douleur des insomnies, pardonne !

pardonne-moi la création de cet œuf imparfait

travaillé au tour dans la scorie du soleil et du sang.

 

Traduites par Manolita DRAGOMIR-FILIMONESCU