Valentin TAŞCU  (1944-2008)

Ses yeux verts comme la terre (Verde brun)

 

Les hommes apprennent à vivre mais

trop peu d’entre eux ont le courage de faire

l’école primaire de la mort.

Tout est question de choix –

d’abord  avoir la chance de vivre

ensuite, faire semblant d’oublier

que la mort détient le record

de la longévité…

Maîtres de la mort il n’y en a pas

et, ceux d’autrefois furent chassés

de la cité.

 

Les sages se sont exilés dans les montagnes

évitant les vivants

qui ne veulent pas croire au pouvoir de la mort.

Ils y mesurent encore les couleurs des yeux

de ceux qui s’en allèrent.

On croit qu’elles – les couleurs –

seraient le souffle le dernier

par lequel on pourrait revenir (si l’on veut)

sur terre, pour mourir toujours et encore.

 

J’ai voulu apprendre ce mystère

d’un être qui n’en savais rien

et qui ignorait d’ailleurs sa propre mort :

une femme.

J’ai regardé dans ses yeux verts

(car le vert je l’avais choisi

pour couleur de ma fougue)

bien qu’ils avaient la couleur de la terre

où l’on s’enterre

et ils m’ont dit que j’allais mourir bientôt

sans détour, ce que je fis d’ailleurs

à quelques secondes distance d’amour.

Vivre encore serait surprenant.

Je n’aurais jamais cru que l’on puisse mourir

d’un regard.