Jeanne d’Arc
O, mon roi me rejette
Et le feu du bûcher que je suis
M’envahit !
Je prie devant tous ceux
Qui ont les yeux lourds
De rosée,
Et aux cieux
Qui m’ont crée
Et m’ont liée
A vie
Au soupir.
« Délivrez-moi du bûcher que je suis !
J’ai envie de retrouver
Le Grand Temps
Où les cœurs ne frémissent pas.
J’ai hâte de retrouver le néant
Où je ne connaissait
Ni larmes,
Ni bûcher! »
Journal VI
Je ne veux plus
Une terre liée
Aux lois des ancêtres.
Ni retrouver dans tous les regards
Le miroir de ce pêché ancestral!
Un mot, un seul, le tien!
Et me voilà libérée,
Délivrée au vol
Abandon!
Sans mémoire,
Passion,
Ou péché…
Le sublime est sublime
Comme rêvé…
Les syllabes du début
Un regard de toi
Serait caresse
Pour mon front brûlant…
Serait comme si
Tu comprenais le trop de temps passé
Depuis que nos mots
Ne se sont plus croisés.
Serait bénédiction
Pour un cœur leurré
Qui a pris les syllabes du début
Pour baptême.
Baptême dans l’aube, dans l’infini, ou le néant ?!
Un regard de toi serait…
Que faire
A genoux,
Les larmes s’écoulent
Et c’est le crépuscule.
Vague bouillonante hier,
Et me voilà
Statue en terre,
Statue en sel.
Que faire
Pour redevenir
Ta pensée divine
Que tu chérissais, et tu chatoyais ?
Ta pensée divine, ta pensée…
Maturité
L’Amour –
Fruit sublime,
Cadeau,
Que nous reçevons
Au baptême!
Et au fil des années il mûrit…
Jusqu’au jour où
Trop lourd de soupirs,
Il quitte le rameau
Qui l’a nourri…
Version française par Ruxanda Brunet