Renaud LEJEUNE

Bonjour.

Je suis un poète belge francophone, et je me permets de vous proposer quelques textes pour votre revue “Poezia”. Des textes qui sont repris dans un recueil plus vaste, intitulé “Les 100 sonnets du Diable”, et qui n’attend plus qu’un éditeur…

Je vous écris en français car je ne maîtrise pas la langue roumaine… Et puis la poésie n’est-elle pas un langage universel? Je sais que la Roumanie est une terre de poètes, et j’espère que vous apprécierez cet envoi.

 

À très bientôt, je l’espère !

Renaud Lejeune

 

 

TU NE SAURAS JAMAIS MON NOM

 

De tous les démons je suis bien le plus habile

Siècle après siècle j’ai tissé ma fine toile

Au cœur des campagnes et des plus grandes villes

Je vais vers ceux qui se perdent sous les étoiles

 

Mon boulot c’est chasseur d’âmes Nuit après nuit

J’arpente les rues des cités endormies

À la recherche de sang jeune et bouillonnant

Des désirs les plus fous En les satisfaisant

 

Je gagne mon pain et un peu d’éternité

Pour eux par contre c’est la chute sans pitié

Dans la géhenne Je ne comprends pas à qui

 

Ni à quoi peut servir toute cette énergie

Que je passe tout mon temps libre à collecter

Ce que je capture n’est que médiocrité

 

 

LA PÉRI

 

La péri m’attendait à l’ombre d’un chemin

Pour m’emmener dit-elle au pays de mes rêves

Celui-là même qui m’échappe dans la brève

Accalmie de la nuit Au sein des parchemins

 

J’avais eu vent d’elle mais respirer sa main

Évanescente fut pour moi comme le glaive

Qui tranche la tête de l’esclave qui lève

Les bras en suppliant qu’on l’achève demain

 

Pour ne plus souffrir les brimades de son maître

Elle m’entraîna dans la vallée de salpêtre

Et me fit subir les pires des traitements

 

Elle devint pourtant ange et c’est au pied d’un hêtre

Que je me réveillai en sursaut Oui renaître

Est bien le préféré de tous mes sentiments

 

 

LE MOULIN DU DIABLE

 

Il tourne et il tourne le moulin du Diable

Son grain est si pur et sa farine si douce

Que le pain qui en sort est comme jeune pousse

Printanière au sortir de l’hiver chérissable

 

Comme un feu de bois dans la nuit impénétrable

Mais qui donc l’a construit un soir de lune rousse

Au détour de cette clairière de mousse

Tout près de ce ruisseau à l’eau si délectable

 

Certains disent que c’est le pauvre Jean aidé

D’une chèvre aux poils d’or d’autres que c’est André

Au pied bot avec son âne ailé qui s’y sont

 

Attelés Comment ont-ils fait pour soulever

Ces pierres si lourdes Aucun n’en a idée

Mais vers le Démon se portent tous les soupçons

 

 

ANAMALEK

 

Ils sont comptés tes jours ô grande Babylone

Percés ont été tes murs par Anamalek

Pour que des démons le flot puissant tes obsèques

Vienne célébrer Les journées monotones

 

Et rieuses au sein de tes rues friponnes

Laisseront la place au délabrement au sec

Tourment des âmes Des corps mutilés avec

Délectation seront offerts à la Gorgone

 

Tandis que les femmes seront pour les satyres

Parfumés d’ignobles senteurs Anéantir

La civilisation voilà ma mission

 

Et personne ne m’en empêchera Agir

Piétiner les cœurs et avant tout détruire

Derrière moi il n’y a que désolation

 

 

MOLLY MALONE

 

Où donc es-tu douce Molly Malone qui dans

Les rues de Dublin vendais des coquillages

Dans une charrette pour unique étalage

À tous tu souriais de bon cœur et tes dents

 

D’albâtre affriandaient nombre de jeunes gens

Entraînant même les nobles dans ton sillage

Es-tu cette ombre que la fièvre anthropophage

Emporta une nuit noire Vas-tu errant

 

Dans les venelles de la ville sombre comme

L’espèrent en chantant de nombreux gentilshommes

Riches comme pauvres derrière toi tu

 

As rassemblé et tu as réussi par là

Ce que bien des puissants ne purent faire La

Lumière c’est toi et tes seins dévêtus