Alexandru PINTESCU

Carpe diem

Le jour se déroule devant moi comme une carpette.

Je regarde le dessin du tapis et je me sens

Seulement une piqûre parmi les millions

De piqûres tout semblables, un fil enroulé

Parmi tant de fils avec une perverse gaîté

De l’oubli de soi, de la perte de l’identité.

Comme un moine capucin qui perde

Ses paroissiens à la messe, comme un citadin,

En fumant impassible sa pipe,

Devant les passagères tentations du jour en déclin.

 

Carpe diem, arpenteur, carpe diem!

Oh, padre padrone, oh, père, oh, padre,

Jure sur Sierra Léone, sur Sierra Madre

Le soleil d’aujourd’hui, tel quel

Brillera-t-il dans les millénaires?

 

Sycomores

Vous vous cachez où, vous, les êtres du paradis,

Laissez-nous un sygne de votre existence:

Une griffe, une plume, une écaille, un rest de jabot

Pour croire à nouveau, pour rêver que tout est réel

Pour imaginer que nous sommes immortels

Que nous faisont parti de l’infini, que nous ne sommes pas cendre,

Que c’est pas en vain de remplir l’espérance, la glotte

Avec le vers céleste, le métaphore, l’anaphore, la litote.

 

Lerouï-ler sur chemin de fer

Je viens en Marmourech

comme je venais d’antan

lorsqu’en âpre fuite

nous étions mioches, rien que p’tits enfants

tombent sur les crêtes

rameaux de cognassiers

comme si sont des crèches

pour l’Enfant premier

 

musiques de cithares

sur les terres passent

aux hommes de lettre

à peine trouver la place

aux hommes de parole

à peine trouver un symbole

dans le bois, balances

inciser en tranche

 

que les lauriers furtent

l’autour dans les jasmins

à déesse Hécate

en donant les épins

 

des trains passent vers l’horizon

vers Tziblech alliés

ainsi qu’une Isolde

pour les rois bien aimés

 

labyrinthe de rameaux

amalgames de planètes

pour vous, mes vieux

je n’ écrirai plus de lettres

 

j’ai oublié tout de suite

le désert et la gloire

il m’a ravagé l’escogriffe

comme le venin noir

voilà mon renseignement

– hommes et laïques –

en vous révélant

de soutchéava

jusqu’à l’occident

comme par un décret

de Péri commandé

avec I pak souvent:

 

d’alexandre

les meilleures pensées

de george boïtor et

comment ça  peux être déclarer

olos, de noël,

il faut qu’il vous donne, merci,

une colle de pâte pour moi

pour pitutz aussi

 

si sous la neige nous serons

à la fortune

sous rameaux et cimes

des nuits doucement

nous recouvriront

les sources dans les branches

des ondes construiront

pour nos chers amis

plus de milles poèmes

nous sussurerons

jusqu’au crépuscule

quand nous césserons

 

nous monterons dans les ornières

pour regarder au nord

avec des vues rétives

juste issues du cord

pour voir sur les collines

les hommes de marmourech

avec leurs vœux insignes

des dignes héritiers

 

reflétés en mara

en vichéu et tissa

en portant la tiarre

en bois de tissa

réunis sur les collines

en âpre rumeur

comme entre rivages

tissa à bătchikoi

 

eux, les héritiers de dragoch

de traian et nerva

qui gouttent le fromageon

et aiment la selve

eux, les passionés

de montagnes silvaines

boissées

de milles et milles années

 

toi, dotté de laures

dès ton baptême

passe en chœur d’étourneaux

toujours vers les midis

et ne t’arrête que là

où même ramounc

s’arrêtais autrefois

reposé sur un tronc

 

comme d’échecs et bridge

avec une sagesse claire

ton pas est démenti

de sapins et fugères

 

ta voix est zézayante

des idoles inspirée

de pensée antique

pour toujour couronnée

 

augural est ton destin

le temps – pas beaucoup

en vain comptons le but

des années qui viennent

Traduceri de Claudia Pintescu