Grigore VIERU   (1935-2009)

Ô, mort, je ne t’en veux nullement (Nu am moarte cu tine nimic)

 

Ô, mort, je ne t’en veux nullement,

Je ne te hais guère

Comme d’autres te médisent souvent

Comme s’ils trahissaient la lumière.

 

Mais que ferais-tu, dis-moi, si

Tu avais une mère qui mourrait,

Que ferais-tu de ta vie

si tu avais des enfants qui mourraient ?!

 

Je ne t’en veux, mort, nullement,

Je ne te hais guère.

Serais-tu grande, serais-je petit,

Mais je ne vis que ma propre vie.

 

Je n’ai pas peur de toi, au contraire,

Je te plains amèrement

Que tu n’aies jamais eu une mère,

Que tu n’aies jamais eu d’enfants.

 

La Petite Ballade (Mica Baladă)

 

J’étais aimé de toutes les femmes –

Marie, Anne, Alexandre, Jeanne.

Je me sentais puissant et sûr de moi.

Comme Maître Manoli

j’ai voulu bâtir une cathédrale

qui aurait durer éternellement.

 

J’ai commencé le travail

et j’ai appelé chez moi toutes les femmes :

Marie, Anne, Alexandre, Jeanne…

Laquelle arriverait la première

ce serait elle que j’emmurerais à jamais.

 

Mais, de toutes les femmes qui m’aimaient

Une seulement m’est arrivée :

 

M’aurais-tu appelée, mon fils ? »

Traduceri de Paula ROMANESCU