Sur les cimes
Sur les cimes s’en va la lune
En faisant frémir les feuilles
Et du bois le cor revient
Chant d’amour et chant de deuil.
On l’entend lointains fuir
Et tout bas, de plus en plus,
L’âme endolorie et nue
Du désir de mort remplir.
Tu te tais ; mon cœur ravi
Par tes sons te cherche encore…
T’entendrais-je, tendre cor,
Sonner jamais dans ma vie ?
Dehors l’automne…
Dehors l’automne, des feuilles craignant la pluie,
Et le vent qui fouette la croisée.
En relisant des lettres écornées,
L’espace d’une heure, tu recomposes ta vie.
Tu trouves encore de ces petits passe-temps,
Et ne voudrais qu’on frappe à ta porte,
Tu aimerais encore plus par ce temps,
Tout près du feu, que la rêverie te porte
Très loin. De moi aussi toutes les pensées s’emparent,
Je rêve du conte de Dockia la fée.
Autour de moi s’amasse le brouillard.
Mais le frou-frou d’une robe me rend heureux,
Qui donc serait dans ma maison entré ?!
Deux fines mains recouvrent mes yeux.
J’entends sonner minuit
J’entends sonner minuit dans le vieux clocher,
Douanier des vies, le Sommeil, s’obstine à m’ignorer.
Sur des chemins battus veut me porter l’esprit,
Là où si bien ressemble la mort avec la vie.
La balance du jugement ne changera jamais,
Car entre vie et mort le battant s’est figé.
Ta langue, elle est si pauvre
Ta langue elle est si pauvre en mots et en idées
Quand tu te fonds aux rêves, telle la mer aux rochers.
Tu cherches en vain le mot, le son pour y cercler
Comme sur une pâle surface la diaphane pensée.
Mais n’est pas vague la langue et point profane le mot
Sortis comme une force de l’océan-cerveau.
Car toutes les choses du monde sont éternelles
Solitaire, la mer pleure doucement sa souffrance.
Depuis longtemps elle dit et mystère et détresse,
Depuis des millénaires elle se tourmente et dit
Sa solitude.
Des toiles blanches pendent et flottent sur la mer
Vagues profondes tremblent sous les noirs navires
Entre ciel et mer, en effleurant l’air,
L’oiseau s’élance.
L’eau reste en son lit, et (au-) dessus les étoiles
Illuminent sagement, ignorant les siècles ;
Seules les vies errantes, vouées au néant,
Volent, par nuées.
Car toutes les choses du monde sont éternelles :
Si elles naissent, c’est pour périr, formes vaines,
Mais elles portent toutes au cœur la vie
De l’oiseau Phénix.
Traduceri de Liliana Cora Foşalău