LA NOSTALGIE
La nostalgie c’est l’après-midi de la vie
l’instant qui nous surprend
par les rayons d’un soleil couchant
où toutes les choses et tous les êtres
sont arrivés au pays de l’oubli
en cet instant-là et cet instant-ci
on trouve la voie de retour
vers l’amour perdu.
La nostalgie c’est le premier instant de la vie
à l’heure de l’évasion vers un irréversible midi
où pour un moment tu entends
la voix douce de ta mère d’antan
où s’enterre toute la nuit du mystère
où se réveille la lumière de l’amour pur
à l’écoute de notre azimut
la nostalgie c’est la lumière de l’amour pur
l’instant suprême
quand tu te réveilles et le temps s’arrête.
La nostalgie nous envahit
sans troubler la lumière réfléchissante
la nostalgie c’est la poésie
qu’on entend au plus profond instant
quand on a l’air que tout est perdu
sauvé par la fente d’un entre voix
par l’intervalle d’une autre fois.
Rien de plus pur que la nostalgie de l’amour
comme tu es arrivé dans un pays inconnu.
La nostalgie c’est se retrouver
dans le pays d’un Innomé.
La nostalgie c’est le premier instant de la vie
quand tout est présence
où toute absence s’est dissipée
à l’écoute de ta voix intérieure
d’une antériorité vivante
La nostalgie c’est aussi ton jugement dernier
avant que la mort te délivre
à un autre monde imaginé
où t’attendent tes parents
où tu vas voir tous les visages
ensoleillés par le silence
où il n’y a ni passé ni présent
c’est seulement ta présence
comme instance d’une douce puissance
où tu n’es pas condamné à la liberté
mais tu es attendu comme l’imprévu
d’une présence ressuscitée.
La nostalgie c’est l’arrivée de l’Innocent
comme toi-même tu t’attends
d’être présent à l’appel d’un Innomé errant.
La nostalgie c’est l’arrivé d’Ulysse à Ithaque
quand il a été mis à sa dernière épreuve
celle de décrire le lit conjugale
le lieu intime comme un vrai Paradis
et où on n’a pas d’accès que les deux initiés
et tout le reste va être avarier comme un leste
encombrante
c’est la raison pour laquelle
la nostalgie est interdit au rebelle.
La nostalgie c’est aussi la sortie
vers un pays récupéré
de notre enfance émerveillée.
La nostalgie c’est aussi l’entrée
par la porte ouverte
de l’âme illuminé par la lumière
qui se montre par elle-même
dans le silence de la forêt
ou dans le frémissement de la mer
où toute se réveille le petit matin
comme un tout petit enfant
c’est la rencontre face-à-face
avec toi-même devant la glace
c’est oui toujours le oui
c’est la mélodie d’un dehors évanoui
c’est se retrouver sur la plage à la marge de l’éternité
de la mère émerveillée et de tout passé submergé.
La nostalgie dans nos cœurs effleurit
en se souvient du Paradis
sur l’échelle de la vie il y a des moments
ou tout se voit en tout
ou l’âme-même devient la couleur unie
sur le blanc de l’oubli
sur les plages ensoleillées
ou le solitaire entend
les vagues de la mer
qui effacent les feux de l’Enfer
et sur le sable s’inscrit
les traces de nos pas vers le Paradis
comme des liseurs vers une Île de Midi.
Toi, tu t’approches
en lisant les lettres qui renaissent incessant
dans le livre de l’oubli dont les pages blanches
attendent notre regard d’exorciser les idées errantes
de sublimer les pensées en contemplant
le solitaire sauvé par l’innocence.
Monastère d’Agapia, Roumanie